Les data centers écolo : une solution viable ?

Les data centers écolo : une solution viable ?

Dans un monde où les données sont devenues la vieblood de nos activités quotidiennes, les data centers sont devenus des éléments essentiels de notre infrastructure numérique. Cependant, leur impact environnemental ne peut plus être ignoré. Les data centers consomment une quantité considérable d’énergie, utilisent des ressources précieuses comme l’eau, et génèrent des quantités significatives de gaz à effet de serre. Mais est-il possible de rendre ces centres de données plus écologiques ? Dans cet article, nous allons explorer les défis posés par les data centers traditionnels et les solutions innovantes qui émergent pour les rendre plus verts.

L’impact environnemental des data centers

Consommation d’énergie et empreinte carbone

Les data centers sont de véritables ogres énergétiques. Ils consomment actuellement environ 2% de l’énergie mondiale, et les estimations prévoient qu’ils pourraient représenter jusqu’à 6% de la consommation d’électricité en France d’ici 2050[1][2][3].

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“Un data center doit garantir la sécurité physique du capital digital que nos clients nous confient. Et il doit aussi être accessible 24 h sur 24, 7 jours sur 7. Alors, l’une de nos missions est de nous assurer que toutes les conditions sont réunies pour qu’il soit fourni en électricité en permanence,” explique Régis Castagné, soulignant l’importance de la continuité de service et les défis énergétiques associés[1].

Refroidissement et consommation d’eau

Le refroidissement des serveurs est une fonction vitale mais très gourmande en ressources. Les systèmes de refroidissement représentent environ 40% de la consommation énergétique d’un data center. De plus, ces systèmes nécessitent souvent de grandes quantités d’eau, une ressource de plus en plus précieuse face aux effets du réchauffement climatique et du stress hydrique induit[1][3].

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“Le refroidissement est l’une des fonctions vitales d’un data center. C’est un enjeu majeur. 40 % de l’énergie consommée par cette installation viennent de son système de refroidissement,” ajoute Bruno Lafitte, expert en technologie de l’information à l’ADEME[1].

Pollution liée à la production et à la fin de vie des équipements

La fabrication et la fin de vie des équipements des data centers sont également sources de pollution. Les serveurs informatiques exigent de grandes quantités de métaux rares, dont l’extraction intensive, principalement en Afrique, repose sur des procédés polluants et souvent exploitants[1][3].

Solutions pour réduire l’impact environnemental des data centers

Transition vers les énergies renouvelables

Une des pistes les plus prometteuses pour réduire l’impact environnemental des data centers est de passer aux énergies renouvelables. Des entreprises comme OVHcloud et Equinix ont déjà fait des progrès significatifs dans ce sens.

“Chez nous, l’usage de l’électricité est responsable de 44 % de nos émissions carbone. L’objectif est d’avoir recours à 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2025. On en est à 92 % aujourd’hui,” relate Grégory Lebourg, directeur de l’environnement chez OVHcloud[1].

Equinix a même atteint l’objectif de 100% d’énergies renouvelables en Europe et a créé ses propres sources d’énergie renouvelable sur le territoire français grâce à sept nouvelles fermes éoliennes[1].

Promotion du recyclage et du réemploi des composants

Le recyclage et le réemploi des composants des serveurs sont des stratégies clés pour réduire la pollution liée à la production et à la fin de vie des équipements.

“Nous avions déjà pris la décision de fabriquer nos propres serveurs pour garantir notre indépendance. Lorsque ceux-ci ont eu dix ans, on les a renvoyés dans nos usines de production pour les désosser, tester unitairement chaque élément, et voir dans quelle mesure on pouvait les réutiliser. Aujourd’hui, notre taux de réemploi de composants – grâce à un indicateur que nous avons créé – oscille entre 25 et 36 %. Cela évite chaque année l’émission de 17 000 tonnes de CO2,” explique Grégory Lebourg[1].

Récupération et valorisation de la chaleur fatale

La récupération de la chaleur fatale générée par les data centers est une autre piste prometteuse. Cette chaleur peut être utilisée pour chauffer des bâtiments ou produire de l’eau chaude.

“La récupération de la chaleur fatale, c’est-à-dire de l’énergie thermique indirectement produite par les data centers, constitue une piste complémentaire pour s’engager dans une démarche écologique vertueuse,” souligne l’article de Hellio[2].

Par exemple, à Saint-Denis, la piscine olympique ainsi que 1 600 logements autour d’elle sont chauffés par un réseau de chaleur urbain alimenté par un data center d’Equinix[1].

Optimisation des ressources et des systèmes de refroidissement

Serveurs virtuels et consolidation des ressources

L’utilisation de serveurs virtuels peut significativement réduire la consommation énergétique des data centers. Les serveurs virtuels ne fonctionnent que lorsque quelqu’un les utilise, ce qui réduit la consommation d’énergie par rapport aux serveurs classiques.

“Un serveur virtuel ne fonctionne que lorsque quelqu’un l’utilise. Le reste du temps il est dans une sorte de ‘veille’, c’est-à-dire qu’il ne consomme pas. Donc, plus les serveurs virtuels remplaceront les serveurs ‘classiques’, moins il y aura de pollution liée aux data centers,” explique l’article de Carbo[3].

Relocalisation des petits data centers

La relocalisation des petits data centers dans des installations plus grandes et plus efficaces peut également économiser de l’énergie. Selon une étude du Berkeley National Laboratory, si 80% des entreprises avec des petits serveurs relocalisent leurs serveurs dans des data centers plus importants, 25% de leur consommation d’énergie serait économisée[3].

Exigences réglementaires et incitations financières

Décret tertiaire et critères d’éco-conditionnalité

Les réglementations sont en train de changer pour inciter les data centers à devenir plus écologiques. Le décret tertiaire impose une baisse de la consommation énergétique des data centers de 60% à l’horizon 2050, avec des paliers intermédiaires de 40% d’ici 2030 et 50% d’ici 2040[2].

Les data centers sont également soumis à des critères d’éco-conditionnalité pour continuer à bénéficier du taux réduit de la TICFE (taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité). Cela inclut la mise en place d’un système de management de l’énergie et la valorisation de la chaleur fatale[2].

Initiatives et partenariats pour une transition verte

Climate Neutral Data Centre Pact

Des initiatives comme le Climate Neutral Data Centre Pact, lancée en 2021, visent à garantir la neutralité climatique des centres de données à l’horizon 2030. Cette initiative regroupe près de 45 associations et professionnels, dont OVHcloud, Google et Atos, et s’inscrit dans le Pacte vert pour l’Europe[2].

Tableau comparatif des solutions pour les data centers écologiques

Solution Description Avantages Exemples
Énergies renouvelables Utilisation d’énergies renouvelables pour alimenter les data centers Réduction des émissions de CO2, indépendance énergétique OVHcloud, Equinix
Recyclage et réemploi des composants Réutilisation des composants des serveurs usagés Réduction des déchets électroniques, économie de ressources OVHcloud
Récupération de la chaleur fatale Utilisation de la chaleur générée par les data centers pour chauffer des bâtiments ou produire de l’eau chaude Réduction de la consommation énergétique, valorisation de la chaleur Equinix à Saint-Denis
Serveurs virtuels Utilisation de serveurs virtuels pour réduire la consommation énergétique Réduction de la consommation d’énergie, flexibilité opérationnelle Carbo
Relocalisation des petits data centers Consolidation des petits data centers dans des installations plus grandes et plus efficaces Économie d’énergie, meilleure optimisation des ressources Berkeley National Laboratory
Systèmes de management de l’énergie Mise en place de systèmes pour gérer et optimiser la consommation énergétique Réduction de la consommation énergétique, conformité réglementaire Hellio

Les data centers écologiques ne sont plus un rêve lointain, mais une réalité en construction. Grâce à des solutions innovantes comme la transition vers les énergies renouvelables, le recyclage et le réemploi des composants, la récupération de la chaleur fatale, et l’optimisation des ressources, il est possible de réduire significativement l’impact environnemental de ces installations.

Comme le souligne Régis Castagné, “On est face à un défi planétaire. Les data centers consomment du foncier et de l’électricité dans des environnements où ce sont des valeurs rares. Si on veut faciliter leur acceptabilité, et favoriser leur extension, on a le devoir de générer des externalités positives au profit des communautés qui les entourent”[1].

En adoptant ces solutions et en s’engageant dans une démarche de développement durable, les data centers peuvent devenir des acteurs clés dans la transition écologique de notre société.